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JARDIN D'ANECDOTES

On disait dans la Vallée qu'il y avait un sentier permettant de franchir la chaîne de montagnes barrant l'accès à la mer.

Il n'y avait jamais eu de sentier.

Quand on lui parlait, il affectait la plus parfaite indifférence.

Personne ne se doutait qu'il était sourd et muet.


Les pisteurs affirment qu'une lionne accompagnée de ses petits est particulièrement dangereuse.

Seules les lionnes divines sont dangereuses. Il est prudent de ne pas les réveiller dans leurs spéos.


On recommande de se munir d'eau et de provisions pour voyager dans le désert.

C'est une erreur. Les bêtes sauvages du royaume de Seth cherchent tout le temps à boire et à manger. Elles dévorent ce qu'il y a dans votre sac puis votre corps si vous avez l'impudence de vous plaindre.


Les serpents ne vivent pas dans les pierres brûlantes. Ils préfèrent les champs cultivés, les canaux d'irrigation et les maisons pleines de souris.

Ceux qui parlent leur langue n'ont rien à redouter, les autres ont toutes les chances d'être mordus.

Certains serpents de belle taille ont réussi à se glisser dans la Douat en se faisant passer pour des Agathodaïmons.

Les gens qui ont un beau visage ne sont pas toujours inoffensifs.

Certains sont aussi beaux à l'intérieur qu'à l'extérieur. D'autres sont des Emissaires de Sekhmet qui dissimulent leurs couteaux et ronronnent comme des chatons attendrissants.

Si vous rencontrez un chaton dans les couloirs du palais, ne vous jetez pas sur lui pour lui faire un câlin, c'est peut-être un sorcier de la Cour en pleine métamorphose.


On prétend que les Barbares sont très nombreux dans le Double Royaume, qu'ils dévorent nos récoltes et couchent avec nos femmes.

C'est faux, ils pensent que chez nous il fait trop chaud, notre cuisine les dégoûte, nos filles ne leur plaisent pas. Le roi Amenhotep le troisième recommande de les gaver avec leurs saloperies et de les laisser forniquer avec leurs chèvres. Le sommeil de la raison engendre des monstres.


Je me souviens des jours de mon enfance où nous faisions des fugues sur le Fleuve et d'Amon et d'Amonet passant sur leurs nefs dorées. Ma mère me donnait des fleurs à jeter sur le passage de leurs embarcations. Je me gavais déjà de gâteaux succulents, je buvais même une coupe de vin, le monde était tranquille. 25 siècles plus tard je ne me souviens plus de ces jours heureux. On peut se consoler en changeant de sexe et en buvant de la Stella.


Un des greffiers de la Chancellerie me demanda : Il faudrait savoir si tu es mort ou vivant. Dans le premier cas, je te donne un laisser-passer pour la Douat. Dans le second, va au diable et bonne continuation !

Les fonctionnaires de Sa Majesté ont parfois des manières un peu rudes. De plus, je les soupçonne de ne rien connaître sur la Douat. Pour ma part, je ne vois guère de différences entre la vie et la mort.


Le roi avait choisi un Vizir fantasque qui aimait aller à contre-courant. Il ne lisait que des textes inintelligibles au commun des scribes. Il balayait lui-même les salles du tribunal. Il demandait conseil aux statues. Il refusait de rencontrer le souverain car il n'avait que faire de son avis. Il fumait des Gitanes et mangeait des tacos.

Longtemps après sa mort, on le considérait toujours comme un Sage.



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