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SOKAR ET IMENTET

Image impressionnante d'un Livre des Morts de l'époque ptolémaïque rencontrée parmi la riche collection de papyrus du Musée de Turin.

Une noble dame tend les mains en direction de deux divinités debout et enlacées de bien affectueuse manière. Nous avons déjà expliqué la signification de ce geste rituel.

Image apaisante d'un au-delà où l'on fait de bonnes rencontres. Pas de monstres ici, pas de créatures inquiétantes mais trois protagonistes qui ont l'air très bien ensemble. Ils se contemplent mutuellement. On sent qu'ils ont des choses à se dire. Entre eux existe une évidente dynamique. On a l'impression qu'ils vont se rapprocher encore.

Le scribe des contours qui a peint cela était un as.



La dame est sur son 31, elle porte une robe aux manches frangées, des sandales, une perruque tripartite sur laquelle est posé un cône à parfum fait d'encens et d'huiles odoriférantes qui suggère qu'elle va mener dans l'au-delà une vie luxueuse. A coup sûr, une défunte qui ne sent pas mauvais, dont l'odeur charmera les dieux.

Devant elle, sur un guéridon, un vase à libations contenant de l'eau, un lotus épanoui et deux lotus en bouton. Nos sommes encore dans le monde de la pureté et des parfums. Quand on est invité, il est toujours bienséant d'apporter des fleurs, surtout des lotus évoquant tout un monde symbolique, mythique, métaphysique.

Dans un curieux équilibre les trois tiges de lotus touchent à la fois la robe de la dame et le guéridon des offrandes. Les fleurs sont tournées vers les divinités. Le tout suggère un contact imminent, un échange subtil.


Le nom de la déesse IMENTET est donné par ce qu'elle porte sur la tête, un faucon divin sur un perchoir, qui est le signe hiéroglyphique de l'Occident, lieu d'implantation des nécropoles.

Imentet est une forme d'Hathor, Maîtresse de l'Occident. Une Hathor belle, jeune et gracieuse qui accueille les défunts et leur accorde la vie éternelle. Une ravissante hôtesse d'accueil. Par ailleurs, on donnerait tout pour avoir une telle compagne de voyage exhibant un sein aussi généreux.

Autant la défunte est un peu corpulente, autant Imentet pourrait passer pour un top modèle vêtu de la robe à bretelles style Ancien Empire, de nombreux bracelets, d'un collier très chic et d'un ravissant bandeau enserrant sa perruque impeccable.

Le plus curieux reste ses bras, vraiment disproportionnés comme pour mieux enlacer son compagnon et lui poser une main sur la cuisse. Le bras droit forme un angle bien marqué autour du cou du dieu que toutes ces marques d'affection n'ont pas l'air de contrarier. J'aimerais interroger le scribe des contours qui a imaginé une telle position des bras. Je pense qu'il avait quelque chose en tête, touchant à un rare geste rituel d'un érotisme contrôlé.


Bien encadré se dresse sur un petit socle un netjer momifié à tête de falconidé, connu sous le nom de SOKAR, dieu de la région memphite qui a donné son nom à la nécropole de SAKKARA.

Il est représenté comme sur notre image en dieu momifié à tête de faucon. Il peut aussi avoir la forme d'un faucon aux ailes déployées ou momifié.

On ne lui connaît pas de famille, à l'exception de NOUT, parfois tenue pour sa mère.

Une inscription de Medinet Habou précise qu'il a 44 noms.

La racine de son nom skr se rapproche du radical sgr, être silencieux.


Ce dieu psychopompe guide les défunts dans sa barque hénou, et assure leurs transformations nocturnes.

Il était à l'origine une divinité des artisans travaillant les métaux, ce qui explique que sous la Ve dynastie il ait été associé à Ptah sous le nom de PTAH-SOKAR.

Grand Dieu Seigneur de la nécropole, maître des profondeurs ténébreuses, maître des cryptes, très ancienne divinité funéraire, il se confond aussi avec Ousir et devient PTAH-SOKAR-OUSIR.

Dans les Livres funéraires, les morts bienheureux veulent se fondre en lui pour devenir des dieux dans la Douat. C'est pour cela que la défunte de notre image a tenu à se faire représenter avec lui.

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