Le premier jour, juste après le coucher du soleil, le Fils de Hapou déclara aux Mystes, jeunes perdreaux de l'année parmi lesquels se trouvait le prince Amenhotep :
Je ne suis pas là pour vous raconter ce que vous avez envie d'entendre.
Salmigondis malsain de vos constructions mentales trop bien lutées.
Vous n'êtes pas prisonniers, vous n'avez pas envie d'être libres.
Le dieu auquel vous croyez est un cadavre, sa douceur est décomposante.
Vos enthousiasmes ne sont pas assez séthiens, vous persistez dans l'incuriosité.
Le netjer n'est ni mauvais ni bon, il est Akh dans son temple en ruines.
Tuez le dieu à la merci de votre amour, c'est un fantôme qui alimente votre fièvre, un netjer en loques dans un téménos épuisé.
Rien ne fonctionne tant que la nécessité du Vide reste superficielle.
Le désordre, le délire, la dégringolade, la profondeur de l'insatisfaction sont le visage du Mystère.
Ni rumination d'absolu, ni obstination dans la tiédeur, ne renoncez pas aux expériences hasardeuses du très énigmatique netjer de Khemenou.
Ce dieu n'est pas surmené, il doute de l'efficacité de vos efforts, il rit de vos sacrifices, la monotonie le rebute, il apprécie la profondeur.
Le netjer n'existe pas pour célébrer votre gloire ou s'effaroucher de vos absurdités, il tourne autour de vous à condition que vous acceptiez de lui servir de centre.
Quelque chose doit être bien compris : le centre se déplace dans la fureur des affrontements, le guerrier Shemsou est un centre qui se cherche, la splendeur du netjer est une félicité improbable.
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